La construction durable progresse dans le monde malgré la crise

Source : Le Moniteur 20/11/2012

Selon une étude américaine, la construction durable est devenue une opportunité économique de long terme : 51 % des entreprises interrogées prévoient que plus de 60 % de leurs constructions seront « vertes » d’ici à 2015, contre seulement 28 % en 2012.

Le marché du bâtiment de haute qualité environnementale connaît une croissance internationale selon la dernière étude du cabinet américain McGraw-Hill Construction en partenariat avec United Technologies, présentée à la Greenbuild International Conference and Expo à San Francisco, du 14 au 16 novembre dernier.

Demande des clients

Selon l’étude, la construction durable est désormais vue comme une opportunité économique plutôt que comme un simple marché de niche. La majorité des entreprises interrogées indique que les principales raisons de se tourner vers ce type de construction sont la demande des clients (35 %) et la demande du marché (33 %). Les autres principales raisons invoquées, la baisse des charges (30 %) et les avantages en termes d’image de marque (30 %) sont en lien avec les résultats financiers de l’entreprise. Ces résultats diffèrent des deux principales motivations pour la construction durable citées en 2008, à savoir « bien agir » (42 %) et la transformation du marché (35 %), suivies par la demande des clients et du marché.

Construction neuve et rénovation

« Cette étude confirme que la construction durable fait progresser la gestion responsable tout en créant de la valeur, et l’on constate qu’elle résulte de plus en plus d’un volontarisme de la part des entreprises plutôt que de contraintes », analyse Geraud Damis, responsable de la division Climate, Controls & Security de United Technologies.

Pour les trois années à venir, la haute qualité environnementale devrait progresser en construction neuve comme en rénovation. Le plus grand nombre d’entreprises ayant des projets de rénovation environnementale se trouve au Royaume-Uni et à Singapour avec respectivement 65 % et 69 %.

Au Brésil et dans les Emirats Arabes Unis, le principal vecteur de développement des bâtiments de haute qualité environnementale est la construction neuve. 83 % des entreprises brésiliennes interrogées prévoient de travailler sur de nouveaux projets durables d’immobilier tertiaire privé au cours des trois prochaines années, tandis qu’aux Emirats Arabes Unis, ce sont les projets de bâtiments publics qui sont cités par 73 % des participants.

Avantages économiques

Des avantages économiques des bâtiments durables sont par ailleurs attendus par leurs propriétaires.

En ce qui concerne les constructions neuves, les entreprises ont fait état d’une réduction des coûts d’exploitation de 8 % sur un an et de 15 % sur une période de cinq ans. Par ailleurs, les bâtiments « verts » permettent d’accroître la valorisation des actifs de 7 % selon les cabinets d’architectes et les promoteurs, de 5 % selon les propriétaires.

En rénovation, les économies sont plus importantes à court terme puisqu’elles permettent de réduire les coûts d’exploitation de 9 % sur un an et de 13 % sur cinq ans. La valorisation des actifs est aussi susceptible de progresser mais dans une moindre mesure que pour les constructions neuves. Les bureaux d’études et les promoteurs tablent sur une hausse de la valorisation des bâtiments de 5 %, contre 4 % pour les propriétaires. Le retour sur investissement des projets « verts » est attendu avant huit ans pour les constructions neuves, et avant sept ans pour les rénovations.

Facteurs humains

L’étude tire d’autres conclusions significatives de ce sondage :

  • Le facteur humain motive davantage le choix du bâtiment durable qu’il y a trois ans : parmi ces critères, 55 % des entreprises interrogées évoquent des avantages en matière de santé et de bien-être, contre seulement 29 % d’entre elles en 2008.
  • Parmi les critères environnementaux, l’efficacité énergétique est citée par 72 % du panel.
  • La réduction de la consommation d’eau devient une raison plus importante aujourd’hui, elle apparaît dans 25 % des réponses contre seulement 4 % en 2008. Dans certains pays, cette considération est primordiale et se classe au deuxième rang des raisons environnementales qui incitent à choisir ce type de bâtiment. C’est le cas aux Emirats Arabes Unis (64 %), au Brésil (39 %) et aux Etats-Unis (32 %).
  • L’amélioration de la qualité de l’air intérieur progresse également, citée par 17 % des répondants contre seulement 3 % en 2008.
  • Les entreprises qui ne sont pas actuellement engagées dans des projets immobiliers « verts » estiment que le principal facteur qui les mènera à le devenir sera le sentiment de « bien agir », ce qui les différencie de celles qui sont déjà impliquées. Cela suggère qu’elles ne sont pas aussi sensibles aux avantages économiques liés au bâtiment durable.

Le réseau Green Building Council s’étend

« 92 pays disposent aujourd’hui d’un Conseil du Bâtiment Durable (Green Building Council – GBC), constate Jane Henley, présidente du World GBC, soit deux fois plus qu’en 2008 lorsque nous avons commencé à nous intéresser au bâtiment durable au niveau mondial (ndlr : France GBC a été créé en 2010). Les motivations économiques aident à transformer les marchés et l’étude souligne l’importance de mesurer et de communiquer les avantages du bâtiment éco-énergétique. »
Rick Fedrizzi, PDG du US GBC note que « l’étude valide ce que nous avons observé ces dernières années, à savoir que le milieu des affaires considère le bâtiment durable comme un impératif économique stratégique qui s’accompagne de conséquences sociales très favorables ». Cela constitue selon lui un succès de Leed, le système nord-américain de standardisation de bâtiments à haute qualité environnementale, et des autres systèmes de certification ».

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