Ce webinaire présente l’opération de requalification du quartier Secoustous à Lavelanet (09) et la découverte de la rivière Pipié.
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Le site et le contexte urbain
Le quartier Secoustous se situe dans le cœur ancien de la commune de Lavelanet, en Ariège (Pays d’Olmes). Lavelanet a connu une riche activité industrielle liée au textile au XIXe et XXe siècles, qui a modelé son urbanisation. A partir des années 1980, cette activité textile connaît un déclin et une quasi disparition. Dans certains quartiers du centre-ville marqués par cette industrie, et particulièrement celui de Secoustous, la population a diminué et s’est paupérisée, de plus en plus de commerces et de logements sont devenus vacants, l’habitat et les espaces publics se sont alors dégradés.
Au pied des Pyrénées, au sein du bassin hydrologique supérieur de l’Hers, la commune est traversée par divers petits cours d’eau, parmi lesquels Le Touyre et un de ses affluents, la rivière Pipié.
Alors que l’évolution des techniques industrielles conduit à l’abandon de l’utilisation de l’eau comme force motrice, les cours d’eau sont progressivement utilisés comme égout. La rivière Pipié est recouverte dans la ville en 1946-1947 par une dalle de béton car elle était devenue un cloaque gênant les riverains. Ce cours d’eau passe notamment par le quartier Secoustous, aujourd’hui proche du cœur plus dynamique de Lavelanet, mais auparavant enclavé, très minéral. Il compte des petits immeubles plus ou moins dégradés, habités par des propriétaires et locataires modestes. Jusque-là l’espace public se réduisait à des rues et un espace bétonné.
Le projet
L’opération de requalification de ce quartier comprend notamment par la reconstruction de l’espace public rue Frédéric Soulié, autour de la rivière Pipié :
- les 1 500 m² de béton qui la recouvraient ont été déconstruits,
- des travaux de renaturation et de dépollution du cours d’eau ont été mis en œuvre,
- une passerelle le traversant a été aménagée,
- des massifs plantés en pleine terre sur l’espace public ont été créés, etc.
Genèse du projet
- En 2016, la commune de Lavelanet est lauréate du prix Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV) du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de la Transition, qui leur attribue une enveloppe financière de 2 millions d’euros au total.
- Cela débouche sur « Lavelanet 2050 », une projection du territoire dans l’avenir à travers 9 projets : construction d’édifices publics, aménagement piétonnier du centre-ville, démolition de vieux bâtiments, mobilités urbaines repensées, biodiversité… avec l’objectif de redonner vie au centre historique de la ville.
- Dans ce contexte et avec le soutien financier du Département de l’Ariège, de la Région Occitanie et de l’ANAH, la municipalité peut lancer de profonds chantiers de restructuration dans différents domaines : l’un d’eux est celui de la requalification du quartier Secoustous. Elle devient une opération phare de retour symbolique de l’eau en cœur de ville, afin de le transformer par le retour du bleu (l’eau) et du vert (les espaces végétalisés).
L’opération
Fruit d’une collaboration entre les services municipaux et l’Agence Architecture et Paysage en tant que maître d’œuvre mandataire, l’opération de requalification du quartier Secoustous a transformé radicalement l’espace public :
- 8 îlots d’habitation insalubres ont été rachetés à leurs propriétaires et entièrement démolis, permettant une respiration urbaine dans un secteur trop dense qui posaient des problèmes d’habitabilité (manque de lumière dans les logements, etc.). Ils ont été remplacés par un espace public végétalisé : arbres dans de vastes fosses plantées, bancs, racks à vélo... Le sol est pavé de granit clair, sur sable, sur l’ensemble de l’espace public, avec l’objectif de diminuer la restitution nocturne de la chaleur et d’atténuer l’îlot de chaleur urbain.
- la dalle de 1 500 m² de béton a été détruite, découvrant sur 200 mètres la rivière Pipié qui n’était alors plus qu’une couche d’1,5 m de sédiments très pollués par le rejet d’eaux usées. Les ouvrages d’assainissement des habitations ont été restaurés ou mis en place, les ouvrages hydrauliques (vannes, dégrilleurs, etc.) ont été repris. Cela a permis de restaurer la rivière Pipié ainsi mise à jour et alimentée en partie par un canal dérivant du Touyre.
- les anciens murs de la rivière ont été retrouvés et rehaussés avec la même pierre locale pour en faire des quais. Des escaliers donnent accès à la rivière ; une chaussée en pierre du XVIIIe siècle sur la rivière a été réparée, créant une cascade. Les immeubles en bord de rivière donnent désormais sur l’eau et ont retrouvé leur rez-de-chaussée qui avait été mis sous le niveau de l’ancienne dalle de béton.
- une passerelle en bois et structure métal a été réalisée afin de relier le quartier Secoustous avec le cœur de ville plus dynamique.
- une attention a été portée à la biodiversité, avec un calcul du coefficient de biotope (CBS) qui s’est amélioré avant et après les travaux. Accompagnés par Ecocéan, bureau d’études spécialisé dans le génie écologique marin, l’entreprise Les Arts verts a installé des jardins flottants sur le rivage, arrimés par des câbles en inox au quai. Grâce à leurs flotteurs, ils amortissent les vagues et montent et descendent en fonction du niveau du Pipié, dont le régime est torrentiel. Lors de la crue de 2022, les jardins flottants ont bien rempli leur fonction et n’ont pas subi de dommages.
Résultats
- La visibilité nouvelle de la rivière incite les riverains et les agents publics à une plus grande vigilance par rapport aux pollutions de l’eau par le déversement des eaux usées sauvages.
- On constate une nette amélioration de la biodiversité sur le cours d’eau : les poissons ont fait leur retour, notamment des truites, on note la présence d’une avifaune et d’insectes, la ripisylve se développe également.
- L’opération produit une valorisation esthétique et paysagère du quartier, avec de nouveaux usagers sur les bords d’eau et de nouveaux usages : projections cinéma en été sur le mur de l’immeuble au bout de la place, promenade, rafraîchissement en été. Les immeubles de la rue Frédéric Soulié retrouvent la lumière du soleil grâce à la destruction d’un îlot insalubre et bénéficient d’un espace public agréable. Les immeubles alentours connaissent un léger mouvement de réhabilitation, tandis que la municipalité a laissé la main à l’initiative privée.
- La municipalité a le souhait de prolonger cette réouverture de la rivière Pipié sur l’ensemble de son cours dans le reste de la commune, et en premier lieu devant l’Hôtel du Parc.