D’un point de vue réglementaire, la Directive sur le bruit dans l’environnement impose aux grandes agglomérations et infrastructures de transport :
- une cartographie de l’exposition au bruit,
- une information des populations,
- une mise en œuvre de plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE) au niveau local.
Et sur ces questions, la France serait en retard. Au 28 novembre 2011 « seules 37 % des 1.315 communes concernées par la première échéance ont publié leurs cartes de bruit. 50% des cartes signalées »en cours" de réalisation sont probablement achevées et doivent être publiées. 13 % des communes n’ont initié aucune démarche selon une instruction relative à cette directive envoyée aux préfets.
Le sujet s’avère pourtant sensible. Une enquête de l’Insee « Environnement, Nuisances et Insécurité » menée entre 1996 et 2004 montre que 42 % des ménages en France métropolitaine sont gênés par le bruit en général en ville et 24 % par le bruit de la circulation, du chemin de fer ou d’un aéroport.
Si la prise en charge technique du bruit demeure primordiale, l’aspect qualitatif n’est cependant pas à négliger. Dans la troisième génération d’écoquartiers, beaucoup de projets se situent sur de la requalification foncière, il faut être vigilant sur les deux facettes : un traitement technique, acoustique mais dans le même temps une approche plus qualitative du bruit. Car selon leur appropriation du quartier, la perception sonore des habitants diffère. Ainsi, des personnes logeant près d’une voie rapide acceptent plus facilement les nuisances auditives s’ils l’utilisent quotidiennement pour se rendre à leur travail.
Dans sa thèse, Elise Geisler s’est penchée sur l’expérience des habitants des écoquartiers Vauban et Kronsberg. Elle a développé une méthode de qualification des paysages sonores fondée sur des entretiens avec la population, des enregistrements et des journaux « sonores » tenus par ces derniers. A Vauban, le quartier a été conçu pour les enfants : des espaces publiques sont dédiés pour eux, l’interdiction de circulation automobile a permis à beaucoup d’espaces de devenir des terrains de jeu et au final les adultes ont du mal à trouver des espaces pour être au calme, restitue Elise Geisler. A l’inverse à Kronsberg, il ressort qu’avec la grande taille des espaces publiques, la forte exposition au vent : le quartier n’était pas assez vivant. Façades à double épaisseur, bâtiments conçus pour constituer des zones tampons (ici comme dans d’autres projets, des logements sociaux ou à destination des étudiants), murs anti-bruit, la prise en compte en amont du son s’est principalement faite en terme de protection contre les nuisances. Positionnés dans des endroits stratégiques et plutôt calmes, Kronsberg et Vauban restent cependant des quartiers privilégiés.
Il faudrait se pencher sur la répartition des moyens de déplacements - pas uniquement de manière curative en montant des murs anti-bruit - mais de manière préventive au moment de la planification pour permettre que coexistent différents types de lieu, assure Elise Geisler, la question de la diversité sonore pourrait également s’envisager par exemple en utilisant la ressource en eau de manière à ce qu’elle crée des ambiances sonores différentes dans le quartier. Autre piste à développer selon les scientifiques pour façonner des paysages sonores variés : une concertation en amont des habitants.
En complément des outils réglementaires, les équipes des laboratoires Cresson et Grecau-Bx sont en train de tester dans le cadre du projet « Ambiances Sonores, Transports Urbains, Coeur de ville et Environnement » (Astuce) un guide méthodologique pour tenter d’améliorer la qualité acoustique des centres villes. Ce dernier pourrait aider les décideurs dans la prise de décision en matière d’aménagement ou réaménagement urbain.