Situé près d’Agde, au cœur d’une réserve naturelle protégée classée Natura 2000, ce projet de réhabilitation vise à revitaliser un domaine ancien tout en respectant les contraintes environnementales et patrimoniales de la région. Cette restructuration, livrée en février 2024, a permis de transformer une ancienne écurie en espace d’accueil, avec la démolition de deux bâtiments pour créer un parking public.
Le chantier, bien que complexe, a été marqué par l’ambition de réutiliser certains matériaux locaux, malgré les défis que cela représentait. Les architectes soulignent : « Ce n’était pas évident de réutiliser des choses, surtout en termes d’acceptabilité pour la maîtrise d’ouvrage (MOA). Mais c’était un pari, et nous avons réussi à intégrer le réemploi à certains niveaux. » Ainsi, des éléments comme les tassaux triangulaires en bois de charpente (support traditionnelle des tuiles canals) ont été réemployés pour créer des brises-soleil sur la façade.
En collaboration étroite avec l’entreprise Celestin Charpente, chargée de la conception des brises-soleil, une attention particulière a été portée à la charpente existante. « L’état des bois était abîmé, il a fallu faire un tri important pour conserver ce qui pouvait l’être », précise l’architecte. Cependant, certains éléments, tels que les tuiles traditionnelles, n’ont pas pu être réutilisés en raison de leur dégradation.
L’intégration de passerelles en bois dans ce projet de réhabilitation n’est pas seulement un choix esthétique ou fonctionnel, mais aussi une réponse intelligente aux contraintes imposées par la localisation du site en zone PPRI rouge (Plan de Prévention des Risques Inondation). Cette zone, particulièrement exposée aux risques d’inondation, impose des règles strictes en matière de construction et de réaménagement afin de minimiser l’impact sur l’environnement naturel tout en assurant la sécurité des usagers. Au-delà de la réponse technique, les passerelles incarnent un fil conducteur symbolique, guidant les visiteurs entre les différents espaces du site, tout en respectant la nature environnante.
Le projet s’inscrit également dans une démarche de préservation de la biodiversité locale. « Nous avons travaillé avec des spécialistes pour installer des cabanes à chiroptères afin de protéger les chauves-souris présentes sur le site », précise Alexandre Sénac. Une étude d’impact faune-flore a été réalisée et des solutions de compensation ont été mises en place pour minimiser l’impact environnemental des travaux.
Grâce au soutien de la communauté d’agglomération méditerranéenne et à la participation enthousiaste des entreprises locales, cette réhabilitation allie modernité et respect du patrimoine. « Chaque décision a été prise avec soin et validée par plusieurs parties pour s’assurer que le projet reste en adéquation avec l’esprit du lieu », conclut l’architecte.