Visite de Ouattitude à Servian (34)
Cette année le site de production Ouattitude a fêté les 10 ans de son premier sac de ouate de cellulose !
L’idée de créer Ouattitude a émergé en 2010, dans une logique de relocalisation des flux de nos déchets papiers, suite aux constats qu’entre 40 et 60% des déchets papiers français étaient revalorisés et transformés en dehors du territoire français et que 95 % de la ouate de cellulose utilisée en France était importée de l’étranger.
Ouattitude s’est rapprochée d’un acteur historique de la ouate de cellulose : l’entreprise autrichienne Isocell, comme deux autres partenaires. En effet, la même logique de relocalisation de flux a été structurée pour l’organisation aval. Au démarrage, un partenariat a été mis en place pour couvrir l’ensemble du territoire national en fabriquant le même produit sous les mêmes avis technique à partir de 3 usines géographiquement réparties : Cellaouate dans le Finistère pour l’ouest de la France, CPB sur la frontière belge pour le nord et Ouattitude pour le sud.
Aujourd’hui, Ouattitude fait partie du groupe Iso Green qui opère également le site Igloo France-Cellulose, en Vendée. L’objectif est clairement de se structurer afin de répondre à la croissance de la demande tout en conservant une logique de distribution régionale.
En 10 ans l’entreprise a pris de l’ampleur et emploie maintenant 15 Equivalents Temp Plein pour un chiffre d’affaires d’environ 4 M€ par an.
La diversification de production est aujourd’hui un enjeu pour l’entreprise qui a trouvé une opportunité dans la végétalisation de zones difficiles et la lutte contre l’érosion. La technique consiste à projeter de l’eau mélangée à de la fibre de cellulose et des semences sur les sites à végétaliser. Les fibres vont servir de matrice pour fixer les semences et de réservoir d’eau pour la germination. Cette méthode apporte une solution nouvelle et plus efficace pour arriver à installer un couvert végétal sur des pentes fortes, des sols stériles ou très sensibles à l’érosion.
Cette technique peut aussi être utilisée sans semence pour recouvrir les déchets non dangereux sur les sites d’enfouissement de déchets.
- Le produit
La ouate de cellulose se compose de 90% de fibres papier et 10 % de sels minéraux dont des ignifugeants (sels de bore à hauteur de 3%) et des répulsifs pour les rongeurs. Cet isolant se distingue des autres notamment par son aptitude au déphasage et son comportement « résilient » vis-à-vis de l’humidité.
Sa conductivité thermique est de 0,039 W/m2.K.
Sa réaction au feu est classée Euroclasse B-s2, d0 c’est-à-dire ininflammable et difficilement combustible, produisant une quantité de fumée moyenne et aucun débris à la combustion.
- Les sources d’approvisionnement en papier
Historiquement, la ouate de cellulose est produite uniquement à partir de papier journal (déchets d’imprimeries, invendus) qui est le papier le moins traité. Le problème est que nous lisons de moins en moins de journaux donc la quantité de matière diminue ! La solution trouvée sur le site de production breton partenaire Cellaouate est la collecte associative. A Servian, cette collecte reste anecdotique car les frais logistiques dépassent vite le coût de matière. C’est pourquoi l’usine s’ouvre vers d’autres types de papier, notamment le papier publicitaire avec l’objectif de réduire au maximum le taux de poussière. Des études sont également en cours pour produire une pâte à papier spéciale pour la production de ouate de cellulose, ce qui pourrait représenter un nouveau débouché pour les lignes de production françaises vouées à la fermeture.
- Le process de fabrication
La production de la ouate se fait en plusieurs étapes simples : en moins de 2 minutes, le déchet est transformé en produit ! Le process ne nécessite pas d’eau et ne génère pas d’effluent. Les papiers sont mélangés, déchiquetés, puis passés dans une meule pour devenir de la ouate de cellulose. Celle-ci est ensuite compressée 4 fois pour être conditionnée en sacs.
Ouattitude produit environ 3 tonnes d’isolant par heure et environ 8 milles tonnes par an.
Visite de Macondo à Montarnaud (34)
Macondo est un « laboratoire de la résilience » qui porte un projet d’auto-construction de locaux industriels, ateliers, bureaux et espaces de formation au plus faible coût possible avec l’ambition de devenir chantier vitrine pour la filière recyclerie en Occitanie. La fin du chantier est prévue dans deux ans.
Macondo est installé sous trois ombrières photovoltaïques d’environ 2000 m² avec un bail à construction de 30 ans. Cela lui permet d’être dans une dynamique d’usage et non d’investissement, et autorise une grande marge de liberté pour cette expérimentation.
Macondo est une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) gouvernée par plusieurs Sociétés Coopératives Participatives :
- Ecosec, à l’origine du projet, travaille sur le déploiement des toilettes sèches,
- Les Transfarmers réfléchissent au moyen de rendre le compostable ludique, pratique et esthétique,
- Calypso travaille sur la mise en place de murs végétaux,
- Les Zuts développent des tiny house low tech et écologiques,
- La M’Co, menuiserie collaborative, promeut et rend accessible le travail du bois
- FOR.C.E, propose des chantiers d’insertion
LES DIFFÉRENTES EXPÉRIMENTATIONS
- Toilettes sèches & mur végétal
Le constat de départ est qu’on utilise déjà les toilettes sèches sur les sites isolés et dans les festivals, donc pourquoi pas dans les villes ?
L’idée poursuivie est bien de végétaliser les villes pour réduire les îlots de chaleur, mais sans utiliser d’eau potable puisque la ressource est déjà en tension. La solution proposée par Ecosec est de séparer les flux d’urine et de matière fécale pour valoriser chaque flux séparément : les urines pour servir d’engrais, les matières fécales pour l’amendement agronomique après compostage. Les eaux grises, des douches par exemple, sont récupérées et valorisées pour l’arrosage des plantes.
Le prototype de « cabine douches/toilettes/mur végétalisé » présent sur le site permet de récupérer l’urine grâce à des toilettes à pédales séparant les flux. L’eau de la douche et l’urine sont utilisés pour arroser et fertiliser le mur végétal. Le pouvoir rafraîchissant du mur végétal a pu être constaté l’été dernier : pour 39°C dehors il faisait 28°C dedans, soit une baisse de 11°C.
Pour l’instant, le toilette en lui-même reste cher, autour de 2000 euros.
- Voûte en terre crue
L’arc en terre crue fait partie des expérimentations menées dans un premier temps pour savoir quelle direction prendre pour le chantier. Initialement envisagées en extérieur, les briques de terre seront finalement utilisées en parois intérieures pour se prémunir des problèmes de résistance aux intempéries. Toutes les briques seront produites sur site avec la terre du site.
- Récupération de fenêtres
Macondo récupère sur les chantiers des matériaux pouvant être réemployés tels quels ou revalorisés sous d’autres formes. C’est ainsi qu’un stock de plus de 100 fenêtres PVC provenant d’une ancienne caserne militaire va être réemployé : les vitrages vont être intégrés dans les murs à ossature bois et les cadres utilisés comme supports des semis de la serre.
- Le chantier
Le chantier en lui-même avance : une dalle en béton a été coulée, les parois extérieures en bois démarrées, le tout sur des fondations en pneus remplis de béton.
- L’Ecole de l’ÊTRE
Une autre initiative de Macondo est l’École de la transition écologique (ETRE), qui propose gratuitement des formations sur l’éco-construction, le bois, les énergies renouvelables, l’agro-écologie et la mobilité durable (cycle). Elle s’adresse à des jeunes (en priorité de 18 à 25 ans) sans pré-requis de diplôme.
Pour aller plus loin
- Site internet de Ouattitude
- Reportage vidéo sur l’usine Ouattitude (Actu Environnement, décembre 2018)
- Site internet de Macondo