Descriptif rapide de l’opération
Natura est le nom donnée à la résidence de 104 logements construite sur la parcelle S23 de la ZAC Saint-Martin-du-Touch à l’ouest de Toulouse. Les logements de différentes typologies (du T2 au T5) se répartissent dans 4 plots de bâtiments de 3, 4 ou 5 étages, autour de chênes centenaires conservés.
Portée par Premium Promotion, l’opération se distingue par son système constructif mixte associant des façades ossature bois isolées en paille à un système courant de poteaux-poutres et planchers en béton.
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Notes de visite
- Concours et parti-pris architectural
Le projet émane d’un concours de l’aménageur Oppidéa, sur un foncier à coût maîtrisé (ZAC) et à densité et hauteur modérées.
Les architectes Bétillon & Freyermuth, plus habitués aux projets d’équipements publics que de logements, se sont associés à l’architecte Pinedo pour répondre à ce concours alors qu’ils ne se connaissaient pas et qu’ils leur fallait aller vite (1 mois), comme cela est courant pour ce genre d’opération.
Sur une parcelle trapézoïdale sans angle droit, les bâtiments sont construits en angle droit pour faciliter l’habitabilité des logements et ce sont les coursives extérieures qui récupèrent la forme de la parcelle : celles-ci ménagent de grandes surfaces qui pourront être de véritables espaces de vie. Ces coursives extérieures présentent un double intérêt : celui d’éviter « l’effet couloir » des circulations intérieures fréquentes dans les bâtiments de logements et celui de rentrer le plus tard possible chez soi en cheminant par l’extérieur, pour reproduire un effet « maison individuelle ».
La conception des façades en sorte de double peau permet de gérer les questions d’intimité : au premier filtre des balcons filants s’ajouteront des jardinières végétalisées et des stores qui filtreront la lumière.
- Façades bois-paille
Les façades sont en ossature bois et isolation paille (bottes de 36 x 46 x 110 cm) avec une vêture métallique. Réalisées et montées par l’entreprise de charpente AV.CO.BOIS, celles-ci sont préfabriquées en atelier et viennent s’insérer entre et autour des poteaux béton pour former l’enveloppe extérieure. Au niveau des raidisseurs béton, la continuité d’isolation est assurée par de la laine de roche.
Les niveaux sont montés les uns après les autres et tout est recalé à chaque fois, ce qui évite de cumuler les erreurs.
Il faut 3 jours pour réaliser l’enveloppe d’un niveau. Le fait qu’il y ait plusieurs bâtiments permet de faire des rotations et des économies de levage.
80% des bois proviennent des Pyrénées. Ils ont parcouru 110 km au maximum entre leur prélèvement, leur transformation puis leur utilisation sur chantier.
La paille provient d’Ariège et du Tarn. Les sondages d’humidité des bottes de paille ont été réalisés en atelier par le charpentier. Les bottes ont été reballotées et retassées dans les murs ossature bois, ce qui est fastidieux et nécessite une grande anticipation.
Le bardage en fond de loggia était initialement prévu en bois brûlé. Par manque de temps pour réaliser une ATex, celui-ci est finalement en métal, de couleur noire pour rester dans l’écriture architecturale du concours. Cette variante n’a pas eu d’impact significatif sur le poids carbone.
Les menuiseries, voulues en aluminium en phase concours, sont en PVC (le bois a été écarté pour des contraintes de maintenance). Les cadres en bois resteront apparent.
Les murs font entre 55 et 60 cm d’épaisseur au total.
- Les impacts de ce projet sur les pratiques de ses acteurs
Du côté du promoteur, la question était de savoir si le système constructif bois-paille pouvait être un atout ou représentait au contraire un frein pour la commercialisation des logements (le prix de revient des logements se situant dans les 2000 €/m2) . Le parti qui a été pris d’être légèrement supérieur au prix du marché tout en expliquant le projet a plutôt bien fonctionné puisqu’il ne reste que 10 logements à vendre à ce jour.
L’architecte a pu témoigner en toute humilité que ce projet lui avait « ouvert les yeux » sur la nécessité de changer nos pratiques constructives : « on n’a plus le choix ».
La subvention octroyée par la Région dans le cadre de l’appel à projets NoWatt (812 k€) a été d’une grande aide pour rendre ce projet réalisable et ses acteurs sont ouverts à partager l’expérience acquise avec leurs confrères.
Envirobat Occitanie et Fibois Occitanie remercient chaleureusement Yannick Dayre de Premium Promotion, Raphael Bétillon de Bétillon & Freyermuth Architectes et Didier Marfaing d’AV.CO.BOIS pour leur disponibilité et leurs témoignages fort intéressants !