Retour sur | Visite du quartier Toulouse Aerospace à Toulouse (31)

Envirobat Occitanie, en partenariat avec l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, organisait la visite de l’écoquartier Toulouse Aerospace le Mercredi 18 Septembre 2024 sur le thème de l’eau.

Les 28 participants ont découvert les aménagements pour la gestion des eaux du quartier présentés par :

  • Solenne Faure, cheffe de l’opération chez Oppidea-Europolia,
  • Camille Dandelot, paysagiste de l’agence OLM qui a conçu le projet.

Les participants ont été accueillis dans le Hall du B612 pour une présentation du projet à partir de la maquette. Ensuite, la visite a été commentée pour la description des aspects techniques concernant les sols et des aménagements hydrauliques et paysagers suivants :

  • le parc Jacques Maziol,
  • la piste des géants, en longeant l’avenue Bernard,
  • les jardins de la ligne

Quelques mots sur l’opération

L’écoquartier de Toulouse Aerospace se développe actuellement sur 56 hectares sur l’ancien site de Montaudran. Connus pour être le berceau de l’Aéropostale, les lieux sont depuis plusieurs années en cours de transformation totale, accueillant sur les pistes de l’Aéropostale non seulement un pôle d’excellence dédié à l’aéronautique, à l’aérospatiale, aux systèmes embarqués, à la robotique et à l’intelligence artificielle, mais également un site culturel avec la Piste des Géants et la Halle des Machines, ainsi que des équipements, commerces, services, logements.

Aménagé par Oppidea-Europolia, le quartier a été labellisé écoquartier - étape 2 en 2017. Un des aspects à considérer sur ce site très minéralisé au départ est la question de la gestion des eaux de pluie :

  • la gestion d’une pluie de type centennale sans rejet dans les réseaux existants, et qui s’appuie sur l’Hers, rivière voisine du site ; nécessité de retenir l’eau 24h avant de la rejeter dans l’Hers ;
  • la gestion naturelle et alternative aux réseaux enterrés : réalisation de noues et bassins de rétention dont le parc Jacques Maziol (usages de repos, de balade…) inauguré en 2023 ;
  • le sud du quartier est en zone inondable  ;
  • la végétalisation de la Piste des Géants longue de plus d’1 km pour la transformer en parc arboré (travaux en cours) ;
  • l’expérimentation du biochar pour ses caractéristiques hydrauliques ; le rafraîchissement de l’air ambiant et réduction des ilots de chaleur.

Oppidea-Europolia a été accompagné par OLM pour le paysage et par ATM pour l’hydrologie. Le quartier a été organisé en 3 bassins-versants, avec une gestion de l’eau par bassin pouvant gérer 16 500 mètres cubes d’eau à l’achèvement des travaux du quartier. Des réseaux enterrés ont tout de même été réalisés par rapport à l’aménagement de la 3e ligne de métro.

Le parc Jacques Maziol

Le parc Jacques Maziol est le bassin de rétention du second bassin versant et a été paysagé de manière à ralentir l’arrivée des eaux pluviales (arbres, gabions…) car il est en contre-bas. Toutes les eaux pluviales des bâtiments sont rejetées dans le parc. Il est envisagé de trouver un moyen de réutiliser les eaux de ce bassin.

Gestion différenciée

  • Une partie du parc a de fortes pentes peu accessibles mais une autre partie est aménagée avec des gradins, utilisées par les étudiants pour la pause déjeuner notamment. L’entretien se fait en gestion différenciée des végétaux en fonction des besoins d’usages. Il y a un arrêté pour la ZAC qui interdit la tonte de mars à septembre, certaines plantes ont atteint plus d’1 mètre de hauteur cet été à certains endroits mais ce n’était pas gênant car les étudiants n’y allaient pas.

Palette végétale

  • On a un système de plantes endémiques et résistantes aux inondations notamment pour cette partie Sud du quartier où l’eau est présente. La liste des espèces a été réalisée par la DREAL et, après discussion, d’autres essences ont été ajoutées, plus résistantes à la sécheresse pour la zone Nord du quartier (certaines sont non endémiques).
  • Un lit de grave joue le rôle de rivière et mène les eaux vers l’Hers avec un débit de fuite réduit pour contrôler leur déversement. Des essences phyto-épuratives ont été plantés pour traiter une partie des pollutions.

Arrosage

  • Un système de réseau d’eau est déployé dans le parc et permet d’arroser pour la période de développement sur les 3 voire 4 premières années et en cas de forte sécheresse.
  • Depuis l’interdiction d’arroser lors des sécheresses, cette gestion est de nouveau en réflexion. Sur la piste des géants par exemple, il a été prévu un arrosage aérien.
  • Il n’y a pas de réutilisation des eaux usées des bâtiments en raison de la réglementation et de la création de double réseaux.

Chaussée végétale

  • Une partie de la chaussée est végétale grâce à un mélange de grave et de terre plantée d’espèces spécifiques, notamment du trèfle. Elle est perméable et permet la circulation notamment d’engins de secours et de services (et sert ici au stationnement vélo et motos).
  • On a un canal d’eau qui ne se vide pas (photo ci-dessous) car la pente est extrêmement faible à 0,5% entre le haut et le bas du parc (cette pente ne peut pas être modifiée). Le choix a été fait d’approfondir ce canal pour que la faune et la flore s’installent et ça fonctionne bien. Il n’y a eu aucune plainte des riverains concernant les moustiques ou autre.

Biodiversité

  • Le bureau d’études Ecotone assure le suivi des mesures liées à l’arrêté CNPN en raison d’espèces protégées sur le quartier. Une zone de compensation des dommages sur la biodiversité est réalisée au niveau de l’Oncopole. L’écologue devra faire un diagnostic à 3 reprises une fois les grands secteurs aménagés. La biodiversité s’installe dans ces milieux bien que la métropole ne souhaitait pas de stagnation d’eau au départ (pour éviter les moustiques).

La piste des géants

La piste devait être laissée intacte mais elle sera finalement végétalisée. Depuis le début de l’été 2024, les travaux de terrassements sont en cours.

Sols & agroécologie

  • Le bureau d’études géologue-agronome Hekladonia a accompagné l’aménageur sur le sujet des sols. Aucun apport de terre extérieure n’a été réalisé dans ce secteur du quartier grâce à l’utilisation des terres issues des déblais des chantiers des bâtiments et des sables limoneux récupérés sous la piste (sols existants avant aménagement de la piste).
  • Les sols qui seront plantés ont été amendés avec un mélange de BRF, de paille, de fumier et des matières organiques comprenant des champignons et des bactéries prélevées localement sur des espaces naturels en friches autour, mis en culture, puis qui seront réintroduits aux sols au moment des plantations ainsi que des verres de terre pour accélérer la régénération qui prendrait plus de temps.
  • Également, des semis d’activation ont été réalisés pendant 1 an avec des plantes rotatives pour enrichir les sols. En lien avec la gestion des eaux pluviales, sur certaines parcelles, du biochar est introduit : c’est une matière qui peut être réalisé à partir du bois ou d’autres matières (des pneus par exemple) montées en chaleur par pyrolyse et transformé, qui capte l’eau et le carbone dans le sol. Une doctorante en thèse Cifre étudiera pendant 3 ans les effets du biochar dans les sols.

Gestion de l’eau et végétalisation de la piste

  • La pente de la piste a été inversée à certains endroits pour gérer et récupérer les eaux pluviales au centre et les stocker dans les espaces plantés décaissés de 30 à 60 cm. Les autres sens de pente dans le quartier n’ont pas été modifiés.
  • Sur la piste, on part d’une végétation basse au Nord qui va prendre de la hauteur en allant vers le Sud. Différentes largeurs d’espaces végétalisés vont être créées pour différents usages : zone de bosquets, zone de pratique sportive, zone de promenade...
  • L’ensemble des bétons, dans un secteur particulier du quartier, sont des bétons d’argile (sans sable, issus de déchets d’usine de fabrication de tuiles réemployées), fournis par l’entreprise Materrup.

Les jardins de la ligne

C’est le 1er bassin qui a été fait dans le quartier, inauguré en 2018 et c’est un retour d’expérience intéressant car le bassin a été conçu comme un bassin d’infiltration mais l’eau ne s’y infiltre pas. Les études de sol (prélèvements sur une partie du quartier) pour la conception du projet avaient prévu que les jardins se vident des eaux mais à cet endroit, la nature du sol infiltre peu. Il a fallu convaincre les services municipaux qu’avoir de l’eau constamment dans ce parc n’était pas un inconvénient. Un écosystème s’est développé avec une faune et flore importante, la vidange de l’eau n’était pas forcément souhaitable.

  • Le projet paysagé au départ était lié aux pays traversés par l’Aéropostale : l’Argentine et ses steppes, le Maroc et ses déserts, etc. Il n’y a jamais d’eau au Nord du quartier au niveau des steppes du Maroc donc le projet paysager fonctionne. Par contre pour celui de l’Argentine, il y a tellement d’eau que les arbres ont disparus ne la supportant pas. Cela apporte de la fraicheur aux habitants et aucun moustique.
  • Derrière les panneaux de chantier, les jardins du Brésil sont en chantier. Ils ont été conçus par le paysagiste mais sont réalisés par la ville en régie.
  • Une oliveraie a été plantée. Les sols pollués liés à l’ancienne activité du site (hydrocarbures dans les sols) ont été enlevés et remplacés par terres végétales. Il y avait interdiction de planter des fruitiers par la ville. Après analyse des fruits et des feuilles (de figuiers plantés également) des arbres plantés, aucun polluant n’a été constaté.

A consulter également :


Visite financée avec le concours de :

Situation géographique

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