A partir du 1er janvier 2013, impossible de construire une maison sans présenter un calcul thermique de la consommation d’énergie primaire inférieur à 50 kWh/m².an. Un chiffre qui repose sur trois coefficients calculés à l’aide d’un outil informatique développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) :
- besoin bioclimatique (Bbio),
- consommation conventionnelle d’énergie primaire (Cep),
- température intérieure de consigne (Tic),
Depuis la publication de la méthode de 1 ?400 pages à l’été 2011, six versions du moteur ont été élaborées puis testées par un groupe de travail d’« ?applicateurs ? ».?Une autre version devrait arriver avant l’été ?selon Vincent Braire, ingénieur thermicien chez Pouget Consultants et membre de ce groupe.
L’outil n’est pas simple puisqu’il requiert la saisie de cinq à sept fois plus de paramètres qu’auparavant. Surtout, au fur et à mesure des mises à jour, les résultats en maison individuelle ont beaucoup varié. Selon Patrick Vandromme, président de Maisons France Confort, entre septembre et février, les exigences de consommation calculée par le moteur se sont renforcées de près de 20 %. Les constructeurs de maisons individuelles s’engagent via un contrat de construction – avec prix ferme et descriptif technique –, et les soubresauts du moteur de calcul ne facilitent pas le choix des solutions qui seront retenues pour les permis de construire déposés après le 1er janvier.
Un moteur en voie de stabilisation
La logique de mise à jour du moteur de calcul est pourtant classique ? : chaque version corrige les bugs de la précédente jusqu’à stabilisation. Les metteurs au point sont optimistes. Pour Bernard Loriot, directeur d’AET Loriot, les comparaisons des résultats de différentes versions du moteur pour la même maison montrent un Bbio inchangé. Alors que pour le Cep, l’écart est inférieur à 3 ?%. Le CSTB confirme ?que ?les écarts entre les versions vont de 0,5 à 3 kWh/m².an et que le rythme des mises à jour devrait ralentir. D’après Bruno Slama, gérant de l’éditeur de logiciels BBS Slama, les calculs réglementaires sont fiables en maison individuelle.
Exit le chauffage électrique
Autre problème posé par la dernière version du moteur ? : la disparition annoncée de l’effet joule. Une maison de 90 m² chauffée à l’électricité en région Rhône-Alpes a ainsi vu sa consommation baisser de 7 kWh/m².an entre les versions de juin et septembre 2011 puis gagner 10 kWh en février.?Cette version ne permet plus d’utiliser l’effet joule, qui était pourtant pertinent pour une grande partie du pays compte tenu de la faiblesse des consommations ?. Le surcoût est estimé entre 5 ?000 et 6 ?000 euros pour passer de 70 ?% des maisons dotées d’un chauffage électrique à 100 ?% d’équipements complexes à mettre en œuvre (boucle à eau chaude, bois, etc.).
Demande de dérogation
Si quelques constructeurs, à l’image de Trecobat, font leurs propositions commerciales en RT 2012, d’autres ont sans doute péché par optimisme en se fondant sur une version précoce du moteur, encore imprécise ou laissant penser que l’effet joule combiné à du solaire thermique donnerait satisfaction. Il y a aussi un besoin manifeste de formation. L’interprétation des résultats reste difficile. Aucune logique ne se dégage, selon l’Union des maisons françaises (UMF), ni par zone climatique, ni par systèmes associés.
En attendant, les constructeurs anticipent d’éventuelles non-conformités et donc un risque de contentieux. Voire des coûts supplémentaires, à leur charge, pour mettre la maison aux normes.
Dominique Duperret, secrétaire général de l’UMF explique qu’il a été demandé au gouvernement de fixer un palier à 57,5 kWh/m².an pour le « ?CEP max ? » jusqu’à fin 2014, comme dans le collectif.
Fin de non recevoir
Mais le ministère a mis moins d’un mois pour trancher. La requête présentée par l’UMF en mars a été tout bonnement rejetée. Les simulations réalisées lors de l’élaboration de la réglementation ont en effet montré que le passage d’une exigence règlementaire en Cep max de 57,5 à 50 kWh/m².an dans les immeubles collectifs nécessitait l’introduction de nouvelles technologies qui sont encore coûteuses car insuffisamment diffusées sur le marché de la construction, et moins mâtures.
A contrario, cet effet de seuil n’existe pas pour les maisons individuelles. Le ministère rappelle que les premières versions du moteur de calcul ont été mises très tôt à disposition des professionnels pour qu’ils puissent s’y préparer et que les écarts les variations de Cep obtenues entre les différents moteurs de calculs sont inférieurs à 5%.