Retour sur | Visite de chantier BDO de l’espace nordique du plateau de Beille

Le 17 juin dernier, Envirobat Occitanie organisait avec Fibois Occitanie la visite du chantier de réhabilitation de l’espace nordique du Plateau de Beille, projet reconnu BDO niveau Argent en phase Conception.

A 1800 m d’altitude et sous un soleil radieux, une vingtaine de professionnels a pu découvrir ce chantier emblématique du territoire ariégeois.

Descriptif rapide de l’opération

Le projet poursuit un triple objectif : revaloriser l’image vieillissante des constructions existantes en les intégrant davantage au paysage environnant, réduire les coûts de fonctionnement, offrir davantage de confort et de surface pour le public et le personnel.

Afin de réduire son empreinte environnementale, la construction recourt à plusieurs leviers dont :

  • l’utilisation de bois en structure (charpente en lamellé-collé et panneaux massifs en lamellé-croisé, façades en ossature bois), en menuiseries extérieures (mixtes bois-alu), en isolation (façades bois) et en énergie (chaudière biomasse mixte plaquettes et granulés)
  • la réutilisation de matériaux issus de la déconstruction et l’absence de déblai en décharge
  • la végétalisation de la toiture du bâtiment d’accueil et de service, innovation majeure du projet car sur support bois en climat de haute montagne

En plus des contraintes propres à la haute montagne, le chantier a dû s’adapter pour garantir la continuité de service d’exploitation de la station nordique.

>>> En savoir plus sur le projet à travers la fiche projet BDO

Notes de visite

  • Contexte programmatique

La communauté de communes de la Haute-Ariège, créée en 2017 suite à la fusion de 3 communes, regroupe 7500 habitants. Elle s’étend sur un territoire très vaste mais peu dense.

Le projet de restructuration de la station nordique est issu d’une réflexion engagée il y a une quinzaine d’années sur la station de ski et la revitalisation de la vallée. Au-delà de son esthétique « tristoune », le bâtiment principal - datant de 1987 - n’était plus fonctionnel et les flux difficiles à gérer. Le site accueille en effet jusqu’à 130 000 personnes en période hivernale et plus de 1000 personnes certains jours, d’été comme d’hiver.
La déconstruction-démolition - partielle mais importante - du bâtiment existant s’explique par sa non-conformité aux normes sismiques et la difficulté à y parvenir par de simples renforcements.

Du fait de l’augmentation de la surface de plancher, le projet a nécessité de passer par la procédure d’Unité Touristique Nouvelle (UTN) avant de déposer le permis de construire, ce qui a pris entre 7 et 8 mois.

  • Contexte de haute montagne

La principale difficulté technique du projet architectural est lié au climat et à l’altitude (1800 m), qui a nécessité d’adapter des techniques constructives courantes dans d’autres contextes.

L’innovation majeure réside dans la toiture du bâtiment principal, végétalisée sur des pentes à plus de 5%. La végétalisation de la toiture, comme celle des abords remis en état après le chantier, sera réalisée avec des espèces endémiques, à partir de graines récoltées dans le Capcir.

Entre la neige et le substrat végétal en plus de la charpente isolée et étanchée, la toiture supporte des charges d’1 T/m². Le support est réalisé à base de panneaux CLT de 18 cm d’épaisseur, qui assurent un coupe-feu d’1 h. L’Avis Technique n’a été validé que tardivement (novembre 2021) ce qui a complexifié les études.

  • Réemploi

Un diagnostic ressources a été réalisé pour voir ce qui était réemployable in-situ ou ex-situ. Ainsi, 52 pannes et chevrons en lamellé-collé de l’ancien bâtiment ont été récupérées pour la charpente du nouvel atelier (à 70%, le complément étant réalisé en neuf). Les éléments non validés par le bureau de contrôle ont été retravaillés en mobilier intérieur (escalier principal) ou garde-corps.
La toiture en zinc sur panneaux, trop complexe à réutiliser, est partie pour être recyclée en bacs classiques.
Les équipements de cuisine en bon état ont été conservés, ainsi que les casiers de la salle hors-sac. Les tables de l’ancienne salle de restauration ont été réutilisées en tablettes et plans de travail divers (cuisine, banques d’accueil…).
La faïence des pièces non nobles provient de stocks d’invendus.

  • Matériaux

Pour des raisons de pérennité liée à la neige, les soubassements sont en béton. Le parement extérieur est réalisé en pierres par un maçon de la vallée, ce qui a fait l’objet d’un lot séparé lors de la passation des marchés. Les pierres sont des gneiss de Martys (Aude, montagne noire).

Différentes essences de bois sont utilisées, avec une recherche de provenance locale favorisée par la passation de marchés à part quand cela a été possible. Le Sapin - utilisé dans les murs ossature bois, les panneaux de revêtement intérieurs - provient d’Ariège (forêt de Bélesta), le Douglas - utilisé en bardage extérieur - de l’Aude (montagne noire), le Hêtre - utilisé en menuiseries intérieures, pour les caisses - et le Chêne proviennent du Tarn.
Le lamellé-collé provient du Massif Central.

Envirobat Occitanie remercie Philippe Roquebernou de la Communauté de Communes de la Haute-Ariège, Georges Vignaux, directeur de la station nordique de Beille et Gabriel Anger, architecte de chez Triptyque pour leur accueil chaleureux et leurs riches interventions !

Diaporama

Le bâtiment de services côté parking

Photo : Envirobat Occitanie

La façade nord-est en cours de bardage

Bardage horizontal en Douglas de l’Aude

Photo : Envirobat Occitanie

Le pignon nord

Photo : Envirobat Occitanie

Les explications de l’architecte

Photo : Envirobat Occitanie

La façade sud-ouest depuis la terrasse accessible

Murs ossature bois sur soubassements béton, sans en béton

Photo : Envirobat Occitanie

La terrasse côté front de neige

Photo : Envirobat Occitanie

Au loin sur la droite, la cabane des Isarges qui a inspiré les architectes

Photo : Envirobat Occitanie

Le hall d’entrée double hauteur côté front de neige

Photo : Envirobat Occitanie

Au niveau des futures caisses et du hall d’entrée

Photo : Envirobat Occitanie

La salle hors-sac et ses casiers réemployés

Photo : Envirobat Occitanie

Le RDC en béton est isolé par l’intérieur

Photo : Envirobat Occitanie

La salle de restauration

Photo : CAUE 09

Poutres en lamellé-collé et plancher haut en CLT

Photo : Envirobat Occitanie

Les soubassements en béton sont revêtus de pierre

Photo : CAUE 09

Le nouveau poste de secours

Photo : Envirobat Occitanie

La toiture végétalisée du poste de secours

A servi de prototype avant d’ensemencer la toiture du bâtiment principal

Photo : CAUE 09

Bâtiments provisoires pour le fonctionnement de la station

Ces modules ont été achetés pour pouvoir être réutilisés sur d’autres sites

Photo : Envirobat Occitanie

La vue depuis la plateforme de l’atelier

Photo : CAUE 09

L’ancien atelier qui va être démonté

Sa charpente métallique sera stockée par la maîtrise d’ouvrage pour une réutilisation future

Photo : Envirobat Occitanie

Le nouvel atelier

Structure mixte bois/béton

Photo : Envirobat Occitanie

L’atelier

Photo : Envirobat Occitanie

L’escalier de l’ancien atelier réemployé pour accéder au bureau de l’étage

Photo : Envirobat Occitanie

La chaufferie mixte bois-gaz

La chaudière biomasse mixte granulés-plaquettes est prévue pour couvrir 80% des besoins du site

Photo : Envirobat Occitanie

Situation géographique

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