A 1800 m d’altitude et sous un soleil radieux, une vingtaine de professionnels a pu découvrir ce chantier emblématique du territoire ariégeois.
Descriptif rapide de l’opération
Le projet poursuit un triple objectif : revaloriser l’image vieillissante des constructions existantes en les intégrant davantage au paysage environnant, réduire les coûts de fonctionnement, offrir davantage de confort et de surface pour le public et le personnel.
Afin de réduire son empreinte environnementale, la construction recourt à plusieurs leviers dont :
- l’utilisation de bois en structure (charpente en lamellé-collé et panneaux massifs en lamellé-croisé, façades en ossature bois), en menuiseries extérieures (mixtes bois-alu), en isolation (façades bois) et en énergie (chaudière biomasse mixte plaquettes et granulés)
- la réutilisation de matériaux issus de la déconstruction et l’absence de déblai en décharge
- la végétalisation de la toiture du bâtiment d’accueil et de service, innovation majeure du projet car sur support bois en climat de haute montagne
En plus des contraintes propres à la haute montagne, le chantier a dû s’adapter pour garantir la continuité de service d’exploitation de la station nordique.
>>> En savoir plus sur le projet à travers la fiche projet BDO
Notes de visite
- Contexte programmatique
La communauté de communes de la Haute-Ariège, créée en 2017 suite à la fusion de 3 communes, regroupe 7500 habitants. Elle s’étend sur un territoire très vaste mais peu dense.
Le projet de restructuration de la station nordique est issu d’une réflexion engagée il y a une quinzaine d’années sur la station de ski et la revitalisation de la vallée. Au-delà de son esthétique « tristoune », le bâtiment principal - datant de 1987 - n’était plus fonctionnel et les flux difficiles à gérer. Le site accueille en effet jusqu’à 130 000 personnes en période hivernale et plus de 1000 personnes certains jours, d’été comme d’hiver.
La déconstruction-démolition - partielle mais importante - du bâtiment existant s’explique par sa non-conformité aux normes sismiques et la difficulté à y parvenir par de simples renforcements.
Du fait de l’augmentation de la surface de plancher, le projet a nécessité de passer par la procédure d’Unité Touristique Nouvelle (UTN) avant de déposer le permis de construire, ce qui a pris entre 7 et 8 mois.
- Contexte de haute montagne
La principale difficulté technique du projet architectural est lié au climat et à l’altitude (1800 m), qui a nécessité d’adapter des techniques constructives courantes dans d’autres contextes.
L’innovation majeure réside dans la toiture du bâtiment principal, végétalisée sur des pentes à plus de 5%. La végétalisation de la toiture, comme celle des abords remis en état après le chantier, sera réalisée avec des espèces endémiques, à partir de graines récoltées dans le Capcir.
Entre la neige et le substrat végétal en plus de la charpente isolée et étanchée, la toiture supporte des charges d’1 T/m². Le support est réalisé à base de panneaux CLT de 18 cm d’épaisseur, qui assurent un coupe-feu d’1 h. L’Avis Technique n’a été validé que tardivement (novembre 2021) ce qui a complexifié les études.
- Réemploi
Un diagnostic ressources a été réalisé pour voir ce qui était réemployable in-situ ou ex-situ. Ainsi, 52 pannes et chevrons en lamellé-collé de l’ancien bâtiment ont été récupérées pour la charpente du nouvel atelier (à 70%, le complément étant réalisé en neuf). Les éléments non validés par le bureau de contrôle ont été retravaillés en mobilier intérieur (escalier principal) ou garde-corps.
La toiture en zinc sur panneaux, trop complexe à réutiliser, est partie pour être recyclée en bacs classiques.
Les équipements de cuisine en bon état ont été conservés, ainsi que les casiers de la salle hors-sac. Les tables de l’ancienne salle de restauration ont été réutilisées en tablettes et plans de travail divers (cuisine, banques d’accueil…).
La faïence des pièces non nobles provient de stocks d’invendus.
- Matériaux
Pour des raisons de pérennité liée à la neige, les soubassements sont en béton. Le parement extérieur est réalisé en pierres par un maçon de la vallée, ce qui a fait l’objet d’un lot séparé lors de la passation des marchés. Les pierres sont des gneiss de Martys (Aude, montagne noire).
Différentes essences de bois sont utilisées, avec une recherche de provenance locale favorisée par la passation de marchés à part quand cela a été possible. Le Sapin - utilisé dans les murs ossature bois, les panneaux de revêtement intérieurs - provient d’Ariège (forêt de Bélesta), le Douglas - utilisé en bardage extérieur - de l’Aude (montagne noire), le Hêtre - utilisé en menuiseries intérieures, pour les caisses - et le Chêne proviennent du Tarn.
Le lamellé-collé provient du Massif Central.
Envirobat Occitanie remercie Philippe Roquebernou de la Communauté de Communes de la Haute-Ariège, Georges Vignaux, directeur de la station nordique de Beille et Gabriel Anger, architecte de chez Triptyque pour leur accueil chaleureux et leurs riches interventions !